TRIBUNE. Ce qui se passe dans le secteur de l’eau montre que pour contenir la puissance chinoise en Afrique, il n’y a pas d’autre choix que de s’unir.
Par Christophe Maquet*
En 2020, la Chine sera la seule des grandes économies à afficher une croissance positive ! Grâce à un retour à la normale jugé « plus rapide que prévu » par le Fonds monétaire international, l’empire du Milieu a déjà basculé dans l’après-Covid. Il en est ainsi dans le pays d’où est partie l’épidémie : le PIB bondit en même temps que s’accroît à une vitesse inédite sa part de marché dans le commerce mondial.
La Chine résolument à l’offensive…
Imperturbable, la Chine tisse aussi depuis longtemps sa toile loin de son marché intérieur, où on ne l’attend pas. Au Niger, par exemple, depuis 1974 et l’établissement de ses relations diplomatiques avec ce pays classé au dernier rang mondial de l’Indice de développement humain par le Programme des Nations unies pour le développement, elle joue un rôle significatif dans le domaine pétrolier, énergétique ou encore celui des infrastructures devenant le premier fournisseur de ce pays.
… s’installe au cœur de la vie africaine
Dans le secteur de l’eau, cela s’est traduit dès 1989 par la réalisation, sur le fleuve Niger, d’une retenue artificielle capable de stocker initialement 3 millions de m3 pour l’alimentation en eau de la capitale Niamey. En 2007, c’est un consortium chinois qui permettait l’extension de l’usine de traitement et de production d’eau potable de Goudel. Toujours au Niger, à Zinder, le président Mahamadou Issoufou et l’ambassadeur de Chine procédaient en 2013 au lancement des travaux de renforcement des installations de production d’eau potable de l’ancienne capitale et de ses environs grâce à un prêt chinois d’environ 20,5 milliards de francs CFA. « L’eau c’est la vie ! » me disait récemment le président nigérien. Il a bien raison. Derrière l’eau et l’assainissement, il y a la santé, l’hygiène, l’alimentation, l’éducation, l’environnement, le climat. Il y a le développement économique et social des villes africaines.
Sa force de frappe : ses nombreuses entreprises
Les entreprises chinoises l’ont bien compris. Ce sont elles qui vont réhabiliter plus de 300 stations de captage d’eau au Cameroun. Encore elles qui viennent de signer le contrat de construction du barrage de Gourbassi sur le fleuve Sénégal, un contrat de 243 millions d’euros. Plus de 10 000 entreprises chinoises opèrent sur le continent pour assurer son développement durable et aider ses économies à relever d’immenses défis. Parce que l’émergence d’acteurs chinois de tout premier plan dans le domaine de l’eau et de l’environnement est une réalité, en Afrique aussi le rapprochement Veolia Suez « fait sens ».
Pour résister, il nous faut nous unir
Désormais la Chine, dotée d’une force de frappe économique considérable et d’une ambition politique de premier plan, est devenue un pays incontournable dans la géopolitique africaine. Vouloir l’arrêter sans unir toutes nos forces est une mission presque impossible. L’ignorer serait encore plus grave.
Face à cette concurrence qui monte en puissance, nous avons tout à gagner à rassembler nos activités et nos talents sur le continent. Le dernier rapport de l’ONU rappelle que si l’accès à l’eau potable est assuré à 94 % en Europe et en Amérique du Nord, il n’est que de 24 % en Afrique subsaharienne. Cela impose de se mobiliser afin de protéger le continent et ses habitants Sur un marché mondial où la taille est un atout capital, nous serons les mieux placés pour s’engager pour l’Afrique, à la recherche de l’impact positif maximal. Comme dit le proverbe africain : « Tout seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin ! »
* Christophe Maquet, directeur de la zone Afrique et Moyen-Orient de Veolia
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