Le Tchad se rétracte au sujet de l’inscription du lac Tchad au patrimoine de l’UNESCO

Le Tchad se rétracte au sujet de l’inscription du lac Tchad au patrimoine de l’UNESCO

Alors que le Tchad travaillait depuis deux ans à l’inscription du lac éponyme au patrimoine mondial de l’UNESCO, il vient de se rétracter pour des intérêts pétroliers. L’exploration pourrait entraîner dans cette zone sensible, la même catastrophe environnementale que dans le delta du Niger.

Les autorités tchadiennes viennent de demander la suspension de la procédure d’inscription du lac Tchad au patrimoine mondial de l’UNESCO, afin « d’explorer les possibilités pétrolières dans la région ». C’est ce que révèle une lettre du ministre tchadien du Tourisme et de la Culture à l’organisation onusienne, obtenue par The Guardian.

La lettre indique que Ndjamena a déjà signé des accords de partage de production avec des compagnies pétrolières, dont les périmètres affectent la zone proposée à l’inscription. Par conséquent, le gouvernement demande un report de la procédure afin de lui permettre de « redéfinir et de redessiner la carte pour éviter toute interférence à l’avenir ».

Pour l’instant, les compagnies concernées ne sont pas connues.

Il faut savoir que la demande d’inscription du site au patrimoine de l’UNESCO a été faite conjointement avec le Cameroun, le Niger et le Nigeria qui n’avaient pas été informés des ambitions pétrolières du Tchad dans cette zone. D’ailleurs, Alice Biada, du ministère camerounais des Arts et de la Culture, a indiqué : « Nous avons travaillé deux ans pour monter la candidature et nous n’avions jamais entendu parler de cela auparavant. Ce serait une énorme perte de temps et de ressources si le processus reste bloqué ».

Une suspension du processus d’inscription n’est pas envisagée parmi les possibilités offertes par les dispositions de la procédure de proposition d’inscription au patrimoine mondial, a commenté un porte-parole de l’UNESCO. Selon des experts, le forage pétrolier dans un environnement aussi instable pourrait conduire à ce que le lac devienne un nouveau delta du Niger.

Pour le moment, la partie tchadienne ne s’est pas exprimée publiquement sur l’affaire.

On voit néanmoins transparaitre la volonté de l’administration Déby d’explorer d’autres bassins pour la production de pétrole, dans un contexte de dépréciation des anciens périmètres producteurs. Une situation qui dure depuis plus de 10 ans. En raison de cela, des compagnies comme Glencore ou encore Exxon Mobil ont mis en vente leurs actifs dans le pays.

Le pays qui dépend des recettes pétrolières pour financer son économie, n’a en effet pas diversifié suffisamment ses sources de revenus.

Agence Ecofin

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